27 décembre destination Phuket, après un long courrier jusqu’à Bangkok, j’attends environ six heures dans l’aéroport mon vol intérieur jusqu’à l’île de Phuket. Il y a du retard : les passagers se pressent devant les portes d’embarquement, le staff aussi, pilote compris. Ce n’est pas pour rassurer mes craintes de l’avion.
J’arrive enfin à l’aéroport de Phuket et cherche un taxi qui m’emmènera à l’adresse que l’on m’a indiquée. Partout des panneaux d’affichages avec cette écriture arrondie qui, à elle seule, vous transporte sur ce continent lointain d’une richesse absolue.
Je rejoins un couple d’amis qui voyage en Asie depuis quelques mois. J’avais promis de fêter la nouvelle année à leurs côtés, peu importe où ils seraient dans le monde. Le sort a voulu que j’arrive au Royaume de Siam, sac sur le dos, sans réelles attentes ni checklist de choses à voir absolument, sauf peut-être voir des éléphants.
Le taxi me dépose dans le centre de Phuket, devant un petit commerce, sans trop savoir si je dois m’annoncer comme dans un hôtel, car ce n’en est pas un ; il s’agit du commerce d’une famille thaïlandaise. Des chambres sont à l’étage, et j’y retrouve mes amis. La famille dormira au rez-de-chaussée, sur le sol.
Avec l’excitation des retrouvailles et des aventures qui nous attendent, j’oublie rapidement les longues heures de voyage.
Déambulant dans les rues de Phuket Town, au milieu d’une dizaine, peut-être centaine, de stands en tout genre, les odeurs sont multiples, il y a du monde, il fait chaud, bienvenue en Thaïlande.
Il existe réellement deux visages de Phuket : la partie authentique, comme on peut imaginer l’Asie, mais aussi la partie du tourisme de masse, dans laquelle il est difficile de retrouver une quelconque identité culturelle.
Tout y est fait pour que les touristes étrangers – occidentaux surtout – ne soient pas dépaysés : fastfood connus et toute la débauche que l’on peut sous-entendre en pensant à la Thaïlande.
Dès le lendemain, on décide de louer des scooters, moyen de locomotion de base en Thaïlande. Je pense qu’ils sont nés avec un scooter entre les mains. Il y a environ 20 millions de scooters sur les routes dans ce pays. Je n’ai absolument jamais mis un pied sur un scooter de ma vie, ni pour le conduire, ni en tant que passagère. Je jette mon dévolu sur un ptit bouiboui rose bonbon, j’essaie de démarrer avec la béquille et en pressant le guidon vers l’arrière. Le type de la location me demande si j’ai déjà conduit un scooter. Bien sûr que non ! Il me répond que je ne devrai pas conduire à Phuket, que je vais me foutre dans le décor.
Peur de rien, je filoche sur mon bolide. La circulation en Thaïlande est très dense, anarchique, mais je ne me décourage pas. On a prévu de nous rendre sur la colline des singes, il y a un super point de vue sur la ville. En effet, nous marchons le long d’une route sur laquelle gambadent beaucoup de singes. On continue notre chemin jusqu’à ce que je sente que quelque chose me tire la jupe par l’arrière.
Un singe s’accroche au bas de ma jupe, on trouve ça plutôt amusant, mais il ne semble pas vouloir me lâcher, et d’un coup je sens une morsure sur mon mollet.
Etonnement, je n’essaie pas de courir dans tous les sens. Je reste calme et dis à mes amis que le singe vient de me mordre. Il tient toujours ma jupe, et on ne sait pas trop quoi faire pour qu’il me lâche, pas de gestes brusques de crainte que tous ses congénères nous sautent dessus. La planète des singes vous connaissez ?
Une fois libérée de mon agresseur, nous préférons rejoindre la plage.
Wouah, l’eau bleu turquoise, les bateaux colorés, la noix de coco désaltérante, ça m’plaît.
Nous approchons de la Saint sylvestre et rejoignons une petite île de la mer d’Andaman pour fêter la nouvelle année. Nous voyageons plutôt chichement et avons loué une cabane en bambou, j’ai ramené de France du fromage à raclette et du pain de mie pour notre repas de réveillon :D avec la chaleur, le fromage est déjà fondu.
Quelques heures nous séparent de cette nouvelle année pleine de promesses. Nous avons les pieds dans le sable, attablés dans un bar de l’île. La vie est douce. Les constructions sont le plus souvent en tôle, pas de bâtiments touristiques massifs. Le seul projet est d’arpenter l’île pour dénicher ses plus jolies plages, la végétation est luxuriante, c’est la Thaïlande de l’imaginaire.
Nous voyageons pendant un mois à travers le pays, en bateau, en train, et louons un pick-up pour sillonner les montagnes du Nord. Nous décidons, au jour le jour, de notre prochain point de chute. Il est facile de voyager comme cela dans ce pays, il n’est pas nécessaire de tout prévoir à l’avance. On peut se laisser porter, au gré de nos envies, n’est-ce pas ça, la douceur de l’insouciance ?
Dû à ma morsure et pour prévenir un éventuel risque de rage, je me rends tous les 3 ou 4 jours dans un hôpital pour recevoir une dose d’antirabique. Ça semble détendu comme ça, mais au début, j’ai eu peur pour ma jambe, je me voyais déjà rapatriée en France avec une jambe en moins. Les hôpitaux dans les grandes villes sont équivalents aux nôtres, malgré ce qu’on pourrait penser, voyagez rassurés.
Après la vie insulaire sur différentes îles, nous revoilà à Bangkok, attendant un train qui nous mènera au nord du pays. Nos billets les moins chers en poche, nous montons à bord : planches en bois en guise d’assise, promiscuité, lenteur extrême… certains voyageurs dorment à même le sol. Quinze heures s’écoulent durant lesquelles nous admirons le paysage. Ce voyage est long, très long… mais il restera je le pense gravé dans nos mémoires pour toujours.
Je suis extrêmement surprise par les paysages montagneux du Nord de la Thaïlande. Je ne sais pas pourquoi mais je ne m’attendais pas à ça. Nous arrivons dans un minuscule village et cherchons à dormir chez l’habitant. Nous nous adressons à une femme qui semble ne parler que le thaï, même « hello » ne semble pas lui dire grand-chose.
Elle nous guide vers sa maison et à l’endroit où nous allons dormir : une terrasse à flanc de montagne. Une chambre en bambou abrite deux matelas sur le sol. Un bidon récupère l’eau et nous permet un rafraîchissement rapide.
A l’aube, la vue est tout simplement splendide. Le soleil fait une percée entre les montagnes, une brume persiste et rend ce spectacle totalement onirique. Accrochés à la paroi rocheuse, rien ne nous sépare de cette nature. Merci la vie pour ces beaux moments, qui ne coûtent pas grand-chose mais qui apportent tant.
On me demande souvent si j’ai aimé la Thaïlande, et j’aime dire que c’est un voyage que l’on peut adorer ou bien détester. Comme beaucoup, il dépend de notre façon de voyager. J’aime m’immerger et me perdre dans les pays que je découvre, car quand rien n’est prévu, tout est possible. Alors oui, il y a cette partie délurée et occidentalisée dans ses « mauvais » côtés, mais il y a aussi, et surtout une réelle beauté, une douceur et une gastronomie extraordinaire, soyez assurés de vous régaler. Bangkok est une ville tentaculaire, et tellement surprenante. C’est une ville où l’on peut voyager sans crainte.
Il faut savoir se laisser porter, se prendre au jeu de cette culture, apprécier l’exotisme de cette Thaïlande aux multiples facettes.